Mosquée Noor-E-Islam – Première mosquée de France à La Réunion

Un symbole de lumière et de foi au cœur de Saint-Denis

Construite en 1905, la Mosquée Noor-E-Islam est un monument emblématique de La Réunion et la plus ancienne mosquée de France.

L'histoire de la Mosquée Noor-E-Islam

Plus d’un siècle de lumière et d’héritage spirituel

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L'histoire de la Mosquée Noor-E-Islam

Plus d’un siècle de lumière et d’héritage spirituel

Découvrez l’histoire exceptionnelle de la Mosquée Noor-E-Islam, un lieu de prière et de culture profondément enraciné dans la mémoire de La Réunion.

Les origines (1892)

La naissance de la Mosquée Noor-E-Islam remonte à la fin du XIXᵉ siècle, à une époque où la communauté musulmane de La Réunion commence à s’organiser autour de ses premiers commerçants d’origine indienne.

L’idée d’ériger un lieu de culte digne de ce nom apparaît en 1892, lorsque six commerçants gujaratis décident de se porter acquéreurs d’un immeuble situé au 111 de la rue du Grand-Chemin à Saint-Denis, à l’emplacement actuel de la mosquée.

Le terrain est officiellement adjugé à Issop Sulliman, Ismaël Amode Patel, Mamodjee Moussajee, Ismaël Houssein, Cassim Amode et Amode Ismaël, “pour le survivant d’entre eux”, selon le jugement rendu à l’audience des criées du 20 avril 1892.
Ces hommes représentent alors la petite mais dynamique communauté de 130 commerçants “z’arabes”, installés à La Réunion depuis une vingtaine d’années.

Ces pionniers sont issus du Gujarat, région de l’ouest de l’Inde connue depuis des siècles pour ses échanges commerciaux à travers l’océan Indien. Les Gujaratis ont longtemps dominé le commerce maritime dans la région, bien avant l’arrivée des puissances européennes.

Au milieu du XIXᵉ siècle, attirés par les nouvelles opportunités économiques liées à l’introduction massive d’engagés africains et indiens, ils s’installent dans les îles de l’océan Indien, notamment à l’île Maurice, avant de s’établir à Madagascar, en Afrique du Sud et à La Réunion.

À leur arrivée dans l’île, ces commerçants exercent dans le commerce des tissus, des grains et des produits de première nécessité, souvent en tant que petits colporteurs ou représentants de maisons de commerce basées à Bombay. Vers 1892, cette population autrefois itinérante se fixe durablement.
La présence de plusieurs familles et de femmes recensées en 1887 et 1892 témoigne de cette volonté de s’enraciner à La Réunion et d’y construire une vie stable.

Pendant plus d’une décennie, l’immeuble de la rue du Grand-Chemin sert de lieu de prière improvisé pour la communauté musulmane.
Mais très vite, les fidèles ressentent le besoin de bâtir une véritable mosquée, symbole de leur foi, de leur unité et de leur intégration dans la société réunionnaise.

C’est ainsi qu’en 1897, les musulmans de Saint-Denis et des environs rédigent une pétition adressée au gouverneur Beauchamp, sollicitant l’autorisation officielle d’ériger une mosquée sur ce terrain.
Dans cette lettre, les signataires affirment être des “fidèles observateurs de la loi du Prophète et respectueux des lois du pays”, et s’engagent à “ménager les susceptibilités des autres confessions” — une marque de respect et d’ouverture rare pour l’époque.

Le 8 janvier 1898, le gouverneur répond favorablement à leur demande.
Il écrit à Sulliman Mamode, négociant de Saint-Denis, qu’il “ne voit aucun inconvénient à l’établissement de cette mosquée”, à condition que la construction se fasse dans le respect des lois et règlements en vigueur concernant les réunions publiques.

Le choix de son emplacement, au cœur de la ville de Saint-Denis, sur l’artère principale reliant l’est et l’ouest de la cité, n’est pas anodin. C’est dans ce quartier, animé par les rues du Barachois et de l’Église, que s’étaient installés les premiers commerçants musulmans, qui y avaient établi leur centre d’activité.

Ainsi, dès les premières années, la future Mosquée Noor-E-Islam s’enracine profondément dans le tissu urbain, culturel et spirituel de Saint-Denis, portée par la vision, la foi et la détermination d’une poignée d’hommes venus du Gujarat, devenus bâtisseurs d’un patrimoine aujourd’hui centenaire.

Après l’acquisition du terrain en 1892, il faudra encore plusieurs années pour que le projet de mosquée voie réellement le jour.
Pendant plus de dix ans, le bâtiment de la rue du Grand-Chemin continue d’abriter les prières quotidiennes, mais les fidèles rêvent d’un lieu plus digne, plus spacieux, et véritablement consacré au culte.

Le 25 novembre 1897, un groupe de musulmans habitant Saint-Denis et les environs adresse une pétition au gouverneur Beauchamp.
Le texte, rédigé “au nom du Dieu clément et miséricordieux”, exprime la volonté d’ériger une mosquée sur le terrain acquis quelques années plus tôt.
Les signataires, décrits comme des “fidèles observateurs de la loi du Prophète et respectueux des lois du pays”, demandent officiellement l’autorisation d’élever un lieu de culte tout en s’engageant à respecter les autres confessions.
Cette formulation respectueuse témoigne du souci d’harmonie et de coexistence qui a toujours marqué la communauté musulmane réunionnaise.

Le 8 janvier 1898, le gouverneur répond favorablement à cette requête.
Dans une lettre adressée à Sulliman Mamode, négociant à Saint-Denis, il écrit qu’il ne voit “aucun inconvénient à l’établissement de cette mosquée”, sous réserve que les promoteurs du projet “se conforment aux lois et règlements en vigueur pour les réunions publiques.”
Cette autorisation marque une étape déterminante : pour la première fois dans l’histoire de La Réunion, une mosquée peut être construite légalement, en plein centre-ville.

Le choix du terrain n’est pas anodin.
Situé au cœur de Saint-Denis, sur la rue du Grand-Chemin — aujourd’hui rue du Maréchal-Leclerc —, le lieu occupe une position stratégique, sur l’artère principale qui traverse la ville d’est en ouest.
C’est dans ce quartier que les premiers commerçants gujaratis avaient installé leurs échoppes et leurs entrepôts, formant un véritable petit centre économique autour des rues du Barachois et de l’Église.
Cette proximité entre vie commerciale et vie spirituelle illustre parfaitement la place de la foi dans le quotidien de cette communauté.

La construction de la mosquée s’annonce pourtant difficile.
La communauté musulmane de l’époque reste peu nombreuse et dispose de moyens limités.
Pour financer les travaux, un système ingénieux est mis en place, inspiré de celui utilisé pour la construction de la Jumma Mosquée à Port-Louis, sur l’île Maurice.
Les commerçants gujaratis décident de prélever sur leurs bénéfices une somme forfaitaire pour chaque unité de marchandise vendue — farine, riz, huile, tissus — afin d’alimenter une caisse commune de construction.
Ce modèle de solidarité communautaire permet de rassembler progressivement les fonds nécessaires.

Le projet reçoit également le soutien financier de plusieurs grandes firmes commerciales basées en Inde, notamment Goullam Mohamed Ajam, Goulam Mamode Alloo et Issop Mamode Sulliman Bottawala.
Cette dernière, représentée localement par Issop Affejee Cassim, “a participé en grande partie aux frais d’acquisition du terrain et de construction”.
Ainsi, la construction de la mosquée devient une œuvre collective, portée à la fois par la communauté locale et par des soutiens venus d’ailleurs dans l’océan Indien.

Les travaux progressent lentement.
Pendant plus de sept ans, les ouvriers réunionnais, encadrés par les commanditaires gujaratis, œuvrent à la réalisation du bâtiment.
Enfin, en 1905, la mosquée est achevée et inaugurée.
Le journal La Patrie créole du 30 juillet 1905 en rend compte avec admiration :

“Elle s’élève, très blanche et décorative, de style mauresque en sa structure carrée, au milieu même de la ville, dans la partie la plus populeuse.
Des ouvriers créoles y travaillèrent longtemps, qui suivirent avec minutie les prescriptions architecturales de ceux qui la faisaient édifier.”

L’architecte, dont le nom n’a pas été conservé, a su tirer parti de la parcelle relativement étroite de 720 mètres carrés.
Derrière un portail encadré de locaux commerciaux, le visiteur découvre une cour intérieure (sahn) menant à la salle de prière (djamat khana).
La façade, symétrique et sobre, s’organise autour d’un porche central encadré de colonnes et de pilastres, dans un style proche du classicisme créole de l’époque, plutôt que du style mauresque mentionné par le journal.

Le sahn, entouré de galeries soutenues par des colonnes de style toscan, abrite un bassin aux ablutions (hawz), où les fidèles se purifient avant la prière.
Au fond, la salle de prière, de forme carrée (10 mètres de côté), est percée de grandes baies vitrées surmontées d’arcs en plein cintre.
Le mur du fond abrite le mihrab, une niche creusée indiquant la direction de la Kaaba (qibla).
À sa droite, le minbar, petite chaire surélevée, permet à l’imam de prononcer le sermon du vendredi.
Le tout est d’une simplicité volontaire, respectant l’esprit de dépouillement propre aux lieux de prière islamiques.

L’orientation exacte de la qibla fut calculée sur place par un navigateur de passage, muni de ses instruments, afin de garantir la précision du positionnement vers La Mecque.

L’ensemble du bâtiment est organisé selon un axe nord-sud reliant l’entrée principale au mihrab.
Les concepteurs ont tenu à ce que la mosquée reste discrète et respectueuse du paysage urbain, conformément à l’engagement pris auprès des autorités en 1897.
Ainsi, la Mosquée Noor-E-Islam s’intègre harmonieusement dans la ville coloniale de Saint-Denis, marquant sa présence par sa blancheur et sa dignité plutôt que par l’ostentation.

L’inauguration officielle a lieu le mercredi 29 novembre 1905, correspondant au 1er Chawwal 1323 du calendrier islamique, jour de la fête de l’Aïd al-Fitr (Baïram).
La Patrie créole décrit une scène empreinte d’émotion :

“C’est avec une curiosité sympathique qu’un grand nombre de familles du chef-lieu ont répondu, avant-hier soir, à l’aimable invitation de l’Islam Bourbonnais de venir visiter leur magnifique mosquée de la rue du Grand-Chemin.
[…]
Nous vivons un conte des Mille et une nuits.
N’est-ce pas l’Orient, cette salle d’une nudité sévère et qui respire cependant un air de fête ?
La colonie arabe est là, au grand complet.”

Parmi les invités figure le Prince Saïd Ali des Comores, alors en exil à La Réunion, venu assister à l’événement.

Ainsi, après plus d’une décennie d’efforts, de patience et de foi, la Mosquée Noor-E-Islam voit le jour.
Sa construction marque un tournant dans l’histoire religieuse et culturelle de La Réunion : pour la première fois, les musulmans de l’île disposent d’un lieu de culte officiel, visible et respecté, symbole de leur enracinement dans la société réunionnaise.

Un demi-siècle après son inauguration, la Mosquée Noor-E-Islam, devenue un repère central de la vie religieuse à Saint-Denis, s’avère désormais trop petite pour accueillir la communauté grandissante des fidèles.
Le djamat khana, ou salle de prière, ne peut contenir qu’environ 150 personnes, un espace devenu bien exigu au regard du nombre de pratiquants.
Face à cette situation, des travaux d’agrandissement s’imposent.

Ces travaux sont entrepris entre 1959 et 1962, sous la direction des architectes Virapin et Ravily.
Leur objectif principal est de rendre la salle de prière et la cour intérieure (sahn) plus spacieuses, tout en respectant l’esprit architectural et la symbolique du lieu.
Pour cela, une parcelle mitoyenne à la mosquée est achetée en 1959, permettant d’étendre le bâtiment vers l’ouest.

Pendant toute la durée du chantier, la mosquée ne ferme jamais ses portes.
Les prières quotidiennes et les offices du vendredi continuent d’y être célébrés sans interruption, un choix fort qui témoigne de la centralité du lieu dans la vie des fidèles.
Les responsables du chantier doivent donc redoubler d’ingéniosité pour concilier travaux et culte.

Les travaux commencent en 1960 et s’achèvent en août 1962.
Le coût total de l’opération s’élève à 24 millions de francs CFA, un effort considérable pour l’époque.
L’agrandissement transforme profondément la configuration intérieure :
la superficie de la salle de prière passe de 100 m² à 400 m², permettant désormais d’accueillir près de 500 fidèles, soit plus du triple de la capacité initiale.

Le bâtiment conserve son principe d’organisation en deux corps reliés par une cour intérieure, mais l’ensemble est réaménagé pour offrir davantage d’espace et de confort.
Sous la salle de prière, un sous-sol est créé, accessible par un escalier partant de la galerie et menant au jardin situé à l’arrière du bâtiment.
Ce nouvel espace permet notamment un accès direct à la rue Jules Auber, facilitant la circulation des fidèles et la gestion des flux lors des grandes prières.

La niche du mihrab, qui indique la direction de la Mecque (qibla), est déplacée vers l’ouest, conformément au nouvel axe du bâtiment.
Elle reste creusée dans le mur du fond de la salle de prière, en parfaite continuité avec la tradition architecturale d’origine.
L’accès principal à la mosquée, lui aussi, est déplacé vers l’ouest, de manière à ce que le fidèle entrant se trouve immédiatement orienté vers la qibla — un geste symbolique fort, conservant la pureté spirituelle du mouvement d’entrée vers la prière.

Sur le plan esthétique, la mosquée conserve l’essentiel de sa façade sur la rue Maréchal-Leclerc, avec seulement quelques modifications mineures.
Les arcs en plein cintre du rez-de-chaussée sont cependant supprimés, ce qui rompt quelque peu l’équilibre visuel initial du bâtiment.
Ces arcs sont remplacés à l’intérieur par des arcs en accolade, plus étroits et typiques de l’architecture islamique indo-persane.
Les nouvelles ouvertures sont ornées de vitraux colorés – bleu, blanc et rouge – qui apportent une touche lumineuse et spirituelle à l’ensemble.
Ce sont d’ailleurs les seules notes de couleur dans un édifice qui demeure, comme auparavant, entièrement blanc, symbole de pureté et de paix.

Le plan du bâtiment reste fidèle à la conception originale : une grande salle de prière carrée, un sahn central servant de cour et de lieu d’ablution, et un accès encadré par des galeries.
Mais tout est désormais plus vaste, plus aéré, mieux proportionné.
L’espace s’adapte à la croissance de la communauté sans trahir la simplicité ni l’élégance du lieu.

Le 3 août 1962, la mosquée agrandie est officiellement inaugurée.
Cette nouvelle étape marque la continuité d’un siècle d’efforts et de dévotion : la Mosquée Noor-E-Islam entre dans une nouvelle ère, prête à accueillir des générations de fidèles toujours plus nombreuses.

Un demi-siècle après sa construction, la mosquée Noor-E-Islam est devenue trop petite pour contenir tous les fidèles de Saint-Denis.
Le djamat khana, salle de prière principale, ne peut accueillir qu’environ 150 personnes, alors que la communauté musulmane de la ville ne cesse de croître.
Les grandes prières, notamment celles du vendredi et des jours de fête, débordent désormais largement dans la cour intérieure.
La nécessité d’un agrandissement devient une évidence.

Les travaux sont entrepris entre 1959 et 1962, sous la direction des architectes Virapin et Ravily.
Leur mission : agrandir la salle de prière et la cour intérieure (sahn), tout en respectant la structure existante et la symbolique du lieu.
Pour rendre ce projet possible, une parcelle mitoyenne à la mosquée est acquise en 1959, permettant d’étendre le bâtiment vers l’ouest.

Malgré l’ampleur des travaux, la mosquée ne ferme jamais ses portes.
Les prières quotidiennes et le sermon du vendredi continuent d’y être célébrés sans interruption, témoignant de l’importance spirituelle du lieu dans la vie des fidèles.
Ce choix rend cependant les travaux plus longs et plus complexes, car tout doit être réalisé sans perturber le culte.

Les travaux débutent en 1960 et se terminent en août 1962.
Le coût total de l’opération s’élève à 24 millions de francs CFA, un montant conséquent pour l’époque.
Mais les efforts de la communauté et des donateurs permettent d’atteindre cet objectif sans dette ni interruption majeure.

L’agrandissement transforme profondément la mosquée.
La salle de prière passe de 100 m² à 400 m², et peut désormais accueillir jusqu’à 500 fidèles.
Le bâtiment conserve sa composition d’origine, formée de deux corps reliés par une cour intérieure, mais la disposition intérieure est totalement repensée.
Un sous-sol est aménagé sous la salle de prière, accessible par un escalier partant de la galerie et descendant vers le jardin situé à l’arrière, offrant un accès direct à la rue Jules-Auber.
Cet ajout pratique facilite la circulation et offre de nouveaux espaces pour la communauté.

La niche du mihrab, indiquant la direction de la Kaaba (qibla), est déplacée vers l’ouest, dans l’axe du nouvel agrandissement.
Toujours creusée dans le mur du fond, elle conserve son rôle central dans l’orientation des prières.
L’entrée principale de la mosquée est également déplacée vers l’ouest, de manière à ce que le fidèle, dès qu’il franchit le seuil, soit orienté face à la qibla — comme dans la tradition du premier édifice de 1905.

La façade donnant sur la rue du Maréchal-Leclerc subit peu de modifications, mais quelques éléments d’origine disparaissent.
Les arcs en plein cintre du rez-de-chaussée sont remplacés par des arcs en accolade, plus fins, plus stylisés.
Des vitraux bleus, blancs et rouges sont ajoutés dans le patio, diffusant une lumière douce et colorée.
C’est la seule note chromatique d’un édifice qui demeure fidèle à sa blancheur immaculée — symbole de pureté et de paix.

Cette transformation, bien qu’importante, respecte l’esprit initial de la mosquée : simplicité, clarté et équilibre.
Les proportions demeurent harmonieuses, et l’ensemble garde cette atmosphère de sérénité qui fait l’identité du lieu depuis plus d’un demi-siècle.

Le 3 août 1962, après deux ans de travaux, la nouvelle mosquée agrandie est inaugurée.
Elle peut désormais accueillir dignement la communauté grandissante de Saint-Denis, tout en perpétuant le message de lumière et d’unité qui a guidé ses fondateurs en 1892.

Le 12 octobre 1974, un événement dramatique vient marquer l’histoire de la Mosquée Noor-E-Islam.
Un incendie éclate à l’étage du local commercial accolé à l’enceinte sacrée.
Les flammes se propagent rapidement, attisées par les structures en bois et la promiscuité des bâtiments.
Heureusement, la mosquée elle-même — la salle de prière (djamat khana) et la cour intérieure (sahn) — est épargnée, mais les bâtiments attenants situés en amont sont totalement détruits.

L’incendie cause d’importants dégâts matériels et oblige la communauté à repenser l’organisation du site.
Les autorités religieuses décident de profiter de cette épreuve pour rénover la façade et repenser l’ensemble du complexe architectural.
Un projet de “jardin ouvert sur la rue” est d’abord évoqué, mais rapidement abandonné au profit d’un concept plus utile à la fois spirituellement et économiquement : la création d’une galerie commerciale attenante à la mosquée.
Ce projet permettra à la fois de moderniser les abords du sanctuaire et de générer des revenus destinés à l’entretien du lieu de culte.

Les travaux de reconstruction débutent peu après, sous la direction du Groupe 4, une équipe d’architectes associés composée de Gustave Rey, Jean Ménagé, Philippe Goetz et Marc van Nuwenborg.
Le chantier s’étendra sur plusieurs années, de 1975 à 1978, et la nouvelle façade est livrée en 1979.

Les commerces en bois jouxtant la mosquée, datant de 1905, sont entièrement démolis pour faire place à une galerie commerciale moderne, longue de 38 mètres et profonde de 4 mètres, abritant six locaux commerciaux dotés de mezzanines.
Ces nouvelles structures, construites en partie en surplomb sur le trottoir, témoignent d’une volonté d’optimiser l’espace urbain tout en préservant la dignité architecturale du lieu sacré.

Au deuxième étage, une grande salle de réunion est ajoutée.
Elle prend appui sur la galerie sud du sahn et devient un lieu d’échanges, de rencontres et de coordination pour la communauté musulmane dionysienne.
On y accède directement depuis la cour intérieure de la mosquée.

Mais la transformation la plus emblématique de cette période est sans conteste l’ajout du minaret.
Édifié au-dessus de l’entrée principale, il culmine à 32 mètres de hauteur, rendant la mosquée visible de loin.
Ce minaret, premier du genre à La Réunion, marque la verticalité spirituelle du lieu : symbole d’élévation, de foi et de présence musulmane apaisée dans le paysage urbain de Saint-Denis.

L’accès à la mosquée est désormais clairement signalé par une inscription en façade : “Mosquée Noor-E-Islam”, surmontée du minaret dans l’axe du mihrab, comme dans la configuration originelle de 1905.

L’autre élément remarquable de cette reconstruction réside dans l’utilisation du marbre blanc et des claustras ajourés (ou jalis), équivalents moghols des moucharabiehs.
Ces panneaux de marbre finement découpés, ornés de motifs géométriques traditionnels de l’art islamique, alternent avec des zones pleines de marbre poli, créant un jeu subtil de lumière et d’ombre.
Les claustras servent de garde-corps pour les mezzanines et la terrasse, tout en protégeant la vie intérieure du regard extérieur.
L’ensemble dégage une élégance rare, à la fois moderne et fidèle à la tradition islamique indo-pakistanaise.

La façade rénovée s’harmonise ainsi parfaitement avec la galerie commerciale, où l’on retrouve les arcs en accolade déjà présents dans le sahn et la salle de prière.
Cette unité visuelle confère à l’ensemble un caractère architectural cohérent et équilibré.

Après plus de trois ans de travaux, la mosquée rouvre totalement en 1979.
Sa nouvelle façade, avec son minaret élancé et ses ornements de marbre blanc, attire immédiatement le regard.
Elle devient non seulement un symbole religieux, mais aussi un repère patrimonial pour tous les Réunionnais, musulmans ou non.

Le chantier de reconstruction aura permis de moderniser profondément l’ensemble tout en préservant son âme : celle d’un lieu de foi, d’histoire et de lumière.
La Mosquée Noor-E-Islam entre alors dans une nouvelle ère, alliant tradition et modernité, respect du passé et ouverture sur l’avenir.

Dès ses origines, la Mosquée Noor-E-Islam a été conçue comme un bien communautaire et spirituel, destiné à servir l’ensemble des fidèles de Saint-Denis et, plus largement, de La Réunion.
Pour préserver cette vocation, ses fondateurs décident très tôt de conférer au lieu un statut juridique particulier inspiré de la tradition islamique du waqf.

Le waqf : un bien sacré et inaliénable

En droit islamique, un waqf désigne un bien légué “à perpétuité” pour une œuvre religieuse ou caritative.
Une fois consacré, il devient inaliénable — il ne peut être ni vendu, ni cédé, ni transmis à des fins privées.
Ce principe est comparable à celui des biens de mainmorte dans la tradition chrétienne, où des fidèles léguaient des terres ou des bâtiments à l’Église pour assurer la pérennité de ses œuvres.

À Saint-Denis, les fondateurs appliquent ce principe : les biens affectés à la mosquée deviennent des biens de waqf, transmis pour toujours au bénéfice de la communauté.
Cela garantit que la mosquée reste indépendante, protégée et ouverte à tous les fidèles, quelles que soient les générations à venir.

Une gestion communautaire organisée

Pour gérer ces biens et assurer la continuité du culte, une association est créée dès novembre 1915, suivant la loi française de 1901 sur les associations à but non lucratif.
Cette structure, composée de membres de la communauté musulmane locale, prend en charge l’entretien, la gestion des activités religieuses, et la coordination des œuvres sociales liées à la mosquée.

En 1989, cette structure prend officiellement le nom d’Association Islam Sounnate Djamate.
Elle perpétue ainsi la mission originelle des fondateurs tout en s’adaptant au cadre administratif moderne.
La même année, l’association crée une entité complémentaire : la SCI Noor-E-Islam, chargée spécifiquement de la gestion du patrimoine immobilier de la mosquée et des locaux attenants.
Cette organisation rigoureuse garantit la bonne maintenance du site et la pérennité de son financement.

La reconnaissance nationale

En mai 2003, lors de la création du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), la Mosquée Noor-E-Islam est officiellement reconnue comme “la plus ancienne mosquée de France”.
Cette distinction historique, confirmée par des recherches d’archives, souligne l’importance patrimoniale et symbolique du lieu.
Elle précède même la Grande Mosquée de Paris, inaugurée en 1926.

À ce titre, la Mosquée Noor-E-Islam devient membre fondateur du CFCM, représentant l’islam de La Réunion au sein de cette instance nationale.
Sa reconnaissance dépasse alors les frontières de l’île : elle incarne une part essentielle du patrimoine religieux français et témoigne de la présence ancienne, pacifique et enracinée de l’islam à La Réunion.

Un patrimoine vivant

Aujourd’hui encore, la Mosquée Noor-E-Islam n’est pas qu’un monument historique.
C’est un lieu vivant, animé par les prières quotidiennes, les prêches du vendredi, les enseignements religieux et les rencontres culturelles.
Elle continue de rayonner au cœur de Saint-Denis, gardienne d’une histoire de foi, de respect et de coexistence.

Par son architecture, son histoire et sa longévité, la Mosquée Noor-E-Islam demeure le symbole de la lumière et de la sagesse qu’elle porte dans son nom : “Noor”, la lumière.
Un héritage précieux pour toute La Réunion, et pour la mémoire collective de la France.

Pour mieux comprendre certains termes employés dans l’histoire et l’architecture de la mosquée, voici un lexique des principaux mots utilisés dans la tradition islamique et dans le contexte de Noor-E-Islam.


Djamate khana

Mot ourdou qui signifie littéralement « lieu de prière en congrégation ».
Il désigne l’enceinte sacrée de la mosquée, où les fidèles accomplissent les prières collectives.


Imam

Celui qui dirige la prière en congrégation et guide spirituellement les fidèles.
À la Mosquée Noor-E-Islam, l’imam tient un rôle central, tant dans la conduite du culte que dans l’enseignement religieux.


Hawz

Fontaine ou bassin aux ablutions, généralement placé dans la cour (sahn) d’une mosquée.
Les fidèles y accomplissent le wozou, rituel de purification avant la prière.


Masdjid

Terme arabe désignant une mosquée.
Il vient du verbe sajada (se prosterner).
Le mot est passé dans la langue française via l’espagnol mezquita, donnant mosquée.


Mihrab

Niche creusée dans le mur de la mosquée indiquant la direction de la Kaaba à La Mecque (qibla).
C’est le point vers lequel se tournent les fidèles durant la prière.


Minaret

Du mot arabe manara (phare, lieu de lumière).
Tour élancée depuis laquelle le muezzin appelle traditionnellement à la prière cinq fois par jour.
Le minaret de Noor-E-Islam, construit en 1979, culmine à 32 mètres.


Minbar

Petite chaire à degrés placée immédiatement à droite du mihrab.
C’est de là que l’imam prononce le khutba, le prêche du vendredi, pour être vu et entendu de tous les fidèles.


Namaz

Mot ourdou désignant la prière rituelle (salat ou salah en arabe).
Il est recommandé d’accomplir les cinq prières quotidiennes obligatoires en djamat (congrégation).


Noor

Mot arabe signifiant lumière.
Il incarne la symbolique spirituelle du lieu : la lumière de la foi et du savoir.


Qibla

Direction de la Kaaba à La Mecque, vers laquelle se tournent tous les musulmans pour prier.
L’orientation du mihrab dans la mosquée marque précisément cette direction.


Wozou

Les ablutions rituelles précédant la prière.
Elles consistent à se laver certaines parties du corps (visage, mains, bras, tête et pieds) afin d’entrer en état de pureté avant la prière.

Horaires de visite

Du lundi au vendredi de 9h00 à 11h30 et de 13h30 à 16h30 et le samedi de 9h00 à 12h00

Galerie photo de la Mosquée Noor-E-Islam